S'expatrier ? Quels coûts ?

Le titre de cet article est trompeur.  Il ne s'agit pas d'un catalogue de ce que nous avons payé pour nous expatrier. Évidemment cela compte, mais ce serait réducteur. Il existe des coûts moins visibles et pourtant tout autant importants. 

Alors oui,  financièrement une expatriation à un coût non négligeable. Voyage, déménagement, frais d'expatriation, installation,..., tout ça n'est pas donné. Bien évidemment, tout dépend de l'endroit où vous voulez vivre. Ce sera plus simple si vous restez en Europe,  plus compliqué si vous vous éloignez. Dans notre cas,  Maurice doit se situer dans la moyenne. Il y a d'abord le voyage.  Plus vous allez loin, plus le prix du transport sera élevé. Attention,  pensez bien que vous aurez peut-être envie,  de temps en temps de retourner en France, ne serait-ce que pour voir la famille. 

Le pays qui vous accueillera (hors Union Européenne) vous demandera de payer des taxes pour vous accepter. A Maurice,  ces sommes ne sont pas énormes mais elles existent. 

Nous avons fait le choix de prendre un organisme pour nous assister dans nos démarches pour obtenir nos visas de résidents. A aucun moment nous ne l'avons regretté. Sans cet organisme, nous aurions rencontré des difficultés de tous ordres et aurions "pété les plombs" à plusieurs reprises ! Mais évidemment, ces services se paient.

Nous sommes partis sans effectuer un déménagement total. Renseignements pris, nous savions que nous trouverions une maison meublée. Mais si vous vous expatriez, vous avez envie de conserver avec vous des objets, des meubles, des livres, des souvenirs, de la vaisselle, des ustensiles de cuisine, ...., bref, il vous faudra un déménageur international qui s'occupera de tout ... moyennant finances bien entendu. Partir sur une île, à près de 10 000 km de la France, c'est un déménagement par bateau, long (3 mois après notre arrivée, nous n'avons toujours pas nos affaires !) et qui peut être très couteux si vous déménagez en grand !

En ce qui concerne les coûts habituels de la vie : loyer, eau, électricité, internet/téléphone, nourriture, tout dépendra du pays choisi d'une part et de la façon dont vous voudrez vivre d'autre part. Pour ces dépenses, rien à voir avec la France. Ici, nous payons environ la moitié de ce que nous aurions payé en restant en France. Mais, bien sûr, ici, pas de chauffage ! Actuellement, ici, c'est l'hiver, il fait jusqu'à 29° dans la journée et nous avons "froid" la nuit avec 19/20° ! 

Si vous mangez "local", vous dépenserez moins que si vous allez au supermarché acheter vos produits habituels importés ! 

Ici, à Maurice, on trouve des maison meublées assez spacieuses pour un loyer décent. Tout dépendra de l'environnement dont vous aurez envie. La maison "les pieds dans l'eau" en bord de plage est plus chère qu'une maison en pleine ville. Une maison est plus chère qu'un appartement, etc. Le choix est compliqué et il ne faut pas se tromper.

Il faut aussi régler le problème de la voiture. Si les possibilités de transport sont nombreuses, les horaires ne sont pas toujours pratiques et si vous allez d'un côté de l'île à un autre côté, ça devient long et compliqué ! Acheter un véhicule quand vous ne connaissez rien du pays est risqué. Nous avons donc choisi la location longue durée. Pas chez un loueur "traditionnel" hors de prix, mais chez les multiples loueurs qui proposent des véhicules aux touristes. Pour un tarif abordable, vous aurez un petit véhicule, pas très moderne, mais qui vous rendra service. Pas d'entretien, pas d'assurance à souscrire. Mais attention à "blinder" votre contrat, beaucoup chercheront à vous arnaquer ! 

Il ne faut pas oublier non plus qu'il faut changer de couvertures sociales. Plus de sécurité sociale, il faut adhérer à la caisse des français à l'étranger (CFE) et basculer votre mutuelle dans sa version extra métropolitaine. Plus élevé que ce que vous payez en France. 

Si vous louez une maison meublée et un véhicule, il ne vous restera plus qu'à souscrire une Responsabilité Civile ce qui est peu coûteux. 

Tout ça, c'est le coût "visible". Mais il en existe d'autres. 

Le coût "affectif" est certainement le plus important ! 

Vous allez vous retrouver loin de la famille et des amis. Vous retrouvez en pays inconnu, seul ou en couple ! Bien sûr, vous serez très bien accueillis et vous ferez rapidement des connaissances, mais vous serez loin de ceux que vous aimez ou avec qui vous partagiez des valeurs. Ce n'est pas le plus facile. Seul Internet vous permet de rester en contact. Ce sont des moments qui peuvent être durs. Il faut en être conscient. 

Enfin, il y a ce que j'appellerai le coût "psychologique". Nous avons choisi, pour x raisons, de nous expatrier dans un pays loin de l'Europe et dont le développement n'est pas celui de la France. Alors attention, vous perdez votre "zone de confort" et ce n'est pas si facile. Des problèmes de langue vont se poser (même ici où la plupart des gens parlent ou comprennent le français, le langage courant est le créole et tout ce qui est officiel est en anglais, la langue officielle), les lois, les règlements, les usages et traditions, les "codes" du pays ne nous sont pas connus. Ce n'est pas d'une grande importance quand vous venez passer quinze jours de vacances, mais pour y habiter, c'est différent. Vous vous retrouvez dans la position d'un immigré et, si on est bien content de profiter de votre argent, on ne vous fera pas de cadeau. Les lourdeurs administratives vont vous user jusqu'à vous en faire perdre patience. Au bout de trois mois, nous n'avons toujours pas tout réglé. Il se rajoute toujours quelque chose ! 

Les normes que nous avons toujours connues en ce qui concerne l'alimentation, les habitations, la conduite automobile, ... sont surprenantes. Acheter de la viande  à l'arrière d'un véhicule ou du poisson dans les rues, au milieu des mouches peut rebuter au départ, mais il faut s'y faire.

La présence obligatoire de cuves d'eau dans les maisons qui permettent de palier (mais pas toujours) aux coupures de distribution, l'eau non potable au robinet, l'eau chaude solaire tributaire du temps (trois jours sans soleil et plus d'eau chaude !) peuvent vous faire regretter les commodités dans notre pays. Il pourrait y avoir beaucoup d'autres exemple de ce type. Les quatre années et demi que nous avons passées récemment dans le monde nous aide à relativiser. Il peut y avoir des moments de blues ! Mais assumer ses choix enrichi. Nous apprenons à connaître cette culture, mélange d'Afrique (que nous connaissions un peu) et d'Indes (que nous ne connaissons pas du tout) et nous continuerons à nous enrichir.

Alors oui, s'expatrier n'est pas une décision à prendre à la légère. Il faut s'accrocher, c'est le prix d'un changement de vie que nous avons voulu et que nous ne regrettons pas ! Tout ça nous rend plus fort et ne manque pas de nous faire rire !