Lorsque nous sommes arrivés en Polynésie française, tout le monde nous a fait l'éloge de la croisière sur l'Aranui vers les Marquises. "C'est le meilleur moyen de découvrir les Marquises", "l'ambiance est formidable", "on mange super bien", "tout le personnel et les marins sont sympas", "on voit comment fonctionne le bateau" ..., bref tout pour donner envie ! Un seul hic, le coût de cette croisière. Nous avons eu la chance d'avoir eu un petit coup de pousse financier et, naturellement, nous en avons profiter pour nous inscrire sur cette croisière à un moment de creux dans les gardes de maisons.
Alors, qu'en est-il de cette fameuse croisière ? Nous n'allons pas cracher dans la soupe, nous voulions faire cette expérience, nous l'avons fait. Mais disons que nous restons quand même sur notre faim.
Nous voulions découvrir les Marquises, nous n'avons fait que les voir (bon, évidemment ce n'est déjà pas mal !). Pour nous, découvrir un endroit, quelqu'il soit, c'est essayer d'en connaître un peu plus sur sa géographie, son histoire, sa culture, ses habitants, .... Nous n'avons pas la sensation que cette croisière nous ait apporté tout ça. Le temps passé sur chaque île ne permet pas d'en saisir grand chose. On ne voit qu'un village ou deux où tout est organisé pour recevoir les touristes. Peu de chance de s'écarter des activités prévues et des endroits où il est prévu que les touristes viennent déverser leur manne financière !
Bien sûr, nous avons vu des îles très différentes des îles de la société, découvert des sites historiques, nous avons assisté à des danses marquisiennes (qui nous ont montré le lien culturel très fort entre les Marquises et la Nouvelle Zélande), nous avons pu parler aux marquisiens, mais tout était trop "organisé pour l'occasion" ! Nous sommes loin des fêtes de Raiatea organisées par des polynésiens pour des polynésiens !
L'archipel des Marquises est très beau. Très différentes des îles de la société, ce sont des îles hautes jeunes et qui n'ont donc pas de lagons. Parois tombant à pic sur l'océan, elles sont formées de quelques vallées habitées qu'il est très difficile de relier entre elles. Très vertes et à la végétation abondante, certaines sont en proie, ces dernières années, à la sécheresse.
La première escale se fait sur l’île de Fakarava, sur l'archipel des Tuamutu. Cette escale est essentiellement faite pour que les passagers n'aient pas deux jours et demi en mer. Important car le bateau n'étant pas équipé de stabilisateurs (eh oui !), les premiers malades du mal de mer se font connaître. Nous reviendrons sur les Tuamutu dans un futur article.
La deuxième journée se passe en mer et nous arrivons enfin aux Marquises.
Nous avons visité les six îles habitées qui sont toutes différentes.
A Nuku Hiva, nous verrons le site archéologique "Tohua Kamuihei" et ses tikis et nos premières danses marquisiennes.

site archéologique de Nuku Hiva.
Le lendemain, nous sommes sur l'île de Ua Pou. Point de vue sur l'île et deuxième spectacle de danses marquisiennes, beaucoup plus impressionnant que le premier.
Ua Pou
Au sixième jour de notre croisière, nous jetons l'ancre à Hiva Oa.
Nous visitons le Me'ae (ici, on ne dit pas marae) I'ipona. C'est le sanctuaire où se trouve les plus grands Tikis des Marquises.
A midi, retour à bord car nous changeons déjà d'île. Direction Tahuata.
Là, visite de la magnifique église catholique ainsi que du centre artisanal. L'île est spécialisée dans la sculpture sur os.
Le lendemain, retour à Hiva Oa, dans une autre vallée. L'occasion d'aller au cimetière du village d'Atuona voir les tombes de Paul Gauguin et de Jacques Brel ainsi que de visiter les musées qui leur sont dédiés.
L'étape suivante nous emmène sur l'île de Fatu Hiva où nous débarquerons avec l'Aranui des deux côtés de l'île. Le matin dans la baie d'Omoa et l'après midi dans la baie d'Hanavave.
Ici, pas d'activité prévue. temps libre dans les villages d'Omoa et de Hananave. Une marche de 17 km en montagne est proposée le matin pour les volontaires.
L'arrivée à Ua Huka le lendemain est spectaculaire. Dans la baie de Vaipaee, l'Aranui fait un tour complet sur lui même, à quelques mètres des falaises de chaque côté, puis les marins sautent sur les rochers pour amarrer le bateau ! Félicitation au capitaine, la manœuvre est maîtrisée !
Centre artisanal, musée des pétroglyphes (gravures dans la pierre), petit musée de la mer. Déplacement en 4X4 avec arrêt à un point de vue remarquable.
Nous visitons également l'arboretum de cette île. La visite est gâchée par le guide, ancien ministre de l'agriculture du Territoire et à l'origine de cet arboretum. Plutôt que de se contenter de donner les explications que nous attendions, il passe son temps à tirer sur tout ce qui bouge : fonctionnaires, belges, femmes, ... Nous n'en pouvons plus, nous manifestons notre désaccord et quittons le groupe ! Personnage détestable, aigris par ses échecs électoraux !
Les plus courageux peuvent monter voir un me'ae récemment découvert.
L'Aranui est sur le retour. Nous repassons par Nuku Hiva et Ua Pou pour charger des marchandises. Temps libre pendant ce temps.
Le 11ème jour se passe en mer avant de rejoindre Rangiroa aux Tuamutu. Le passage ici se fait pour les mêmes raisons qu'à Fakarava. Visite d'une ferme perlière pour ceux qui le veulent. Baignade possible ... mais il pleut !
La croisière se termine par un détour par Bora Bora, détour uniquement touristique pour montrer la "perle du Pacifique" aux passagers. Nous passons la journée sur le motu à nous baigner et flemmarder car nous avons déjà fait toutes les activités proposées lors de notre visite de cette île.
Après une dernière nuit, c'est le retour à Tahiti.
Les journées sur l'Aranui se découpent pratiquement toujours de la même façon.
Petit déjeuner, débarquement pour les activités du matin ou de la journée, déjeuner, activités de l'après midi, embarquement, conférence sur un sujet en rapport avec le Marquises, réunion d'information sur la journée du lendemain, dîner et animation du soir.
A signaler que les passagers étaient répartis en 3 groupes : anglophones, germanophones et francophones ce qui ne favorisait pas les échanges.
Disons le tout net, les animations ne sont pas à la hauteur ! Les deux animateurs sont très sympas, mais ils manquent d'expérience et de gnaque !
Les conférences sont inégales, mais le sentiment général est que ces conférenciers, tous "popaas" (étrangers en polynésiens), se la jouent un peu trop ! De plus, ils se laissent aller à des considérations politiques qui n'ont pas lieu d'être ! Ils se sentent un peu trop investis d'une mission et, dans les faits, on peut constater des rivalités entre les marquisiens relégués aux tâches subalternes (et qui auraient beaucoup à dire sur leurs îles) et eux.
Certains faits ne sont pas abordés, comme le fait que les Marquises ont servi de lieu de déportation des opposants politiques français ! Est-ce un hasard ?
Un grand merci à tout le personnel polynésien et à tous les marins qui, pendant toute la croisière ont été d'une gentillesse extrême, d'une sollicitude de chaque instant et ont veillé sur notre sécurité et notre bien être.
Nous avons participé à toutes les animations, nous nous sommes amusés, c'est le principal !
Reste les belles rencontres que nous avons faites au cours de cette croisière. Français de tout horizon avec qui nous avons échangé et bien rigolé. Peut-être les reverra-t-on un jour ?
Même si le bilan est mitigé, nous ne regrettons aucunement cette croisière? C'est une nouvelle expérience pour nous. Ce n'est peut-être pas une formule de voyage qui nous convient. C'est un peu trop "colonie de vacances", il nous faut plus de liberté !